La plus haute commune d'Europe

Proches de l’Italie que l’histoire de « la république des Escartons » a rapproché pendant des siècles (voir l’armoire à Ville-Vieille), les villages du Queyras sont très souvent perchés sur les alpages avec des panoramas grandioses.

Dans ces villages on découvre les églises, chapelles, oratoires, croix de mission, fours banaux, cadrans solaires, fontaines en bois…..

Le Queyras est une région originale de part son habitat, sa faune et sa flore. L’isolement y a marqué son empreinte durant 30 siècles. L’altitude y est élevée : plus de 2000 mètres en moyenne avec de hauts massifs de plus de 3000 mètres.

Les accès sont difficiles, les cols sont rares et élevés. L’Izoard est l’un des plus bas, les autres sont des passages d’altitude.

Il ne reste qu’un tout petit glacier, le glacier d’Asti, mais l’empreinte des anciens glaciers est là, bien visible.

Saint-Véran, la plus haute commune d’Europe (2042 m), est l’un des plus beaux villages de France, « le pays où le coq picore les étoiles », au cœur du Parc naturel régional du Queyras.

Comprenant deux hameaux, La Chalp et Le Raux, l’essentiel du village s’étire au soleil sur le flanc de la chaîne de Beauregard. Le paysage, très ouvert sur les montagnes environnantes est sublimé l’hiver par la neige scintillante, et tout en fleurs ou en culture l’été. A l’ubac, les forêts de mélèzes et de pins cimbro abritent une faune riche et variée (aigles, faucons, marmottes, chamois, bouquetins, etc….)

Les maisons bâties en fustes (fûts de mélèze) uniques en Europe, leurs toits de lauzes ou de bardeaux, leurs portes sculptées des XVIIe et XVIIIé siècles marquent les quartiers de leur originalité. Au fil de votre visite, chapelles, temple, église, oratoires, fontaines, croix de mission, fours banaux, ancienne pompe à incendie, musée, cadrans solaires, habitat d’autrefois, vous émerveilleront.

 

Visitez Le musée du Soum, dans une maison datant de 1641, vous y découvrirez dans un cadre authentique, toutes les richesses et aussi toutes les difficultés de la vie d’autrefois.

Passez par la Vieille maison traditionnelle, habitée jusqu’en 1976 avec les animaux dans la même pièce. Laissée en l’état avec son outillage, mobilier, objets usuels, vêtements.

L'église

 

Les lions en pierre de l’église de Saint-Véran sont les vestiges de l’église qui a été détruite par les huguenots. Ils datent du XV ème et soutenaient probablement un porche. Il y a dans l’église un bénitier dont les gravures n’ont pas encore été interprétées.

La statue de Sainte Luce est un don de Joseph Missimilly.

Le clocher a été achevé en 1838, les cloches au nombre de 5, fondues par les frères Vallier de La Vachette de Briançon sont de 1845.

En 1840 le mur du midi du cimetière s’écroule et les os des morts se sont répandus sur la pente, la réparation a coûté 2831 frs en 1841.

Le temple

 

Les Vaudois descendent des Cathares et des Albigeois qui étaient les précurseurs des Protestants, ils ne reconnaissent d’autre autorité que la Bible.

Les Protestants sont issus de la Réforme qui est le mouvement religieux et politique qui au début du XVI ème siècle a brisé l’unité catholique et soustrait à la foi et l’obédience traditionnelles de l’Eglise la plus grande partie des états septentrionaux de l’Europe. Luther donne le signal de la révolte et de la Réforme en 1517.

La réforme prend naissance en France avec Calvin sous François 1er qui la tolére d’abord puis la réprime. Jean Calvin quitte alors la France en 1531 et s’établit en Suisse pour prêcher sa doctrine qui réduit à deux les sacrements (baptême et cène), nie la présence réelle de l’Eucharistie, abolit le célibat des prêtres, l’épiscopat, et repousse la pénitence, ne reconnaît d’autre autorité que la bible et l’examen rationnel basé sur la foi et l’inspiration du moment.

Les protestants de France sont appelés Calvinistes, du nom de Calvin, huguenots du mot allemand Eidgnossen, confédérés "liés par le serment", par contraction Egnot et par corruption huguenot, nom que les protestants de Genève se sont approprié.

 

Le 16 mars 1574 tout le Queyras est envahi par les troupes de Du Blusset, capitaine maréchal des logis de Lesdiguières et de Du Mas, fils de Pierre Vignon, beau-fère de Lesdiguières.

Le capitaine Augustin Chabrand de La Rua commande les protestants de Molines. Les catholiques se réfugient dans les églises qui sont brûlées. Dans le clocher de Molines ils subissent les tourments. Sous peine de mort, ordre est donné aux prêtres de quitter le pays. Le curé de Molines Claude Arnaud est enterré vivant et a eu la tête coupée. Son vicaire, fut enfermé dans un tonneau et roulé à la rivière. Le curé de Saint-Véran et deux autres prêtres furent assassinés.

Des amendes et impôts sont levés sur les catholiques. Les vases sacrés sont convertis en monnaie, les biens et fonds des confréries, des chapelleries et les legs pieux sont vendus sur l’ordre de Lesdiguières et tous les papiers et titres relatifs à ces biens disparaissent. La messe est abolie.

 

L’an 1574, le curé de Ville-Vieille est tué et "la messe enterrée" dit l’inscription tracée sur le linteau du portail latéral de l’église de Ville-Vieille. On interdit tout culte catholique et il est défendu d’aller à la messe en dehors de la vallée.

En 1583 les huguenots du Queyras appellent leurs coreligionnaires des vallées de St Martin et de Luzerne, à jour fixe ils se réunissent à Abriès. Les catholiques réunis à Ville-Vieille vont les combattre et les vaincre. Le clocher de l’église de Molines est renversé par les protestants dits « chapeaux blancs » en 1585.

Lesdiguières s’avance sur le Queyras, le fort du Château est investi le 5 septembre 1587 puis il revient à Guillestre, fait passer son artillerie par Ceillac, le col Fromage et le 9 octobre 1587 la garnison est forcée de se rendre. Perdeyer nommé gouverneur tourmente les catholiques.

 

En 1598 les protestants étaient si nombreux en France que Henri IV rendit un Edit en leur faveur, autorisant l’exercice de leur culte, leur accordant 4 universités ou académies.

 

Louis XIV révoqua l’Edit de Nantes en 1682. Ce fut le départ des conversions plus ou moins sincères, mais un certain nombre de protestants préféra s’expatrier que de se convertir. « Avant la conversion des protestants on vit une grande comète du côté de St Véran et à 10h on entendit un grand tonnerre à la Roche des Clots » (comète de Halley).

Définitives dans les autres paroisses du Queyras, les conversions ne furent que partielles à Molines, Saint-Véran et Arvieux. Dans ces communes, l’attachement au calvinisme fut difficile à vaincre. Il y fut pratiqué le « culte du désert » c’est à dire un culte secret.

 

Les protestants de Saint-Véran eurent leur temple en 1804, ils s’y réunirent longtemps au son de la cloche des catholiques.

Un clocher fut bâti en 1843 et une cloche donnée en 1844, exhaussé et surmonté d’une croix en 1885. Le cimetière actuel est là où était l’ancien.